
Flashback Première équipe Hommes – Episode II

Feuilleton: Dimitri Gisin revient pour vous sur la première partie de saison en plein-air de la Première équipe Hommes. Au travers de plusieurs portraits, une chance unique de revivre les neuf matchs de l’équipe fanion de l’intérieur.
Deuxième partie: Renault Iner, Servettien pur sang, capitaine (d’une équipe sportive, pas dans l’armée, où il n’est "que" appointé chef, pour ceux qui savent ce que c’est).
Servette HC – Grasshopper Club Zürich (5-1). L’histoire de Renault Iner.
Renault Iner n’est pas militaire de métier. Il a pourtant passé la semaine à obéir à des ordres inutiles aboyés par un inutile caporal de la non moins inutile armée Suisse. Quand il a essayé de décrire ce qu’était un cours de répét’ à son coach belge, celui-ci a eu de la peine à le croire. Ce n’est pas qu’il n’aime pas l’armée suisse. Non. Il la tolère. Et il n’est pas révolutionnaire. Alors il fait comme tout le monde: il préfère les week-ends. Et pendant que ses collègues de compagnie vont aller voir leurs copines, s’amuser ou dormir, Renault Iner va jouer au hockey sur gazon.
Son week-end commence à 07h, lorsque la radio s’allume exactement au moment du journal d’informations. Il a soif mais ne cherche pas des mains un éventuel verre d’eau qui traînerait sur la table de nuit. Il n’y en a plus depuis longtemps. Il constate avec amertume que l’appartement est en désordre. Se met à ranger. Vide son sac dans la machine à laver. Plie son costume militaire. Essuie les miettes de pain restées sur la table. Range la machine à laver. Puis se décide à enfiler un caleçon.
Après avoir salué tout le monde à son arrivée au stade, il place un ou deux bons mots pour montrer qu’une communication est possible avec lui aujourd’hui. Il aime les choses claires. Il n’aime pas ce moment, quand il faut courir. Il aime l’autorité. Il n’aime pas les gens qui se plaignent. Il aime ce moment-là, quand tous l’attendent avant de sortir du vestiaire alors qu’il enfile lentement son brassard de capitaine.
Début du match. Sur le banc. Tout ça à cause de l’armée. Pas à l’entraînement, pas dans le 11 de départ. Les choses sont claires. Et il aime les choses claires. Entrée sur le terrain. 1-0. 2-0. 3-0. Ils n’ont pas sorti l’artillerie lourde en face. Il cause peu aujourd’hui. Pas besoin. Mi-temps. 4-0. Erreur de la défense. Iner est impliqué. 4-1. Merdouille. 5-1. Coup de sifflet final.
Iner est content du match. Plus que le coach en tous cas. Il est de ceux qui font passer l’équipe avant son cas personnel. Il n’est pas inquiet par son match. L’équipe n’est pas inquiète du match de son capitaine. Iner est un roc. Il fait partie de l’âme de l’équipe. Son équipe. Ils lui font confiance. Alors il pense au match du lendemain. Le 1/8e de finale opposera son équipe dans un remake de la finale de l’an passé, le HC Olten. Même lieu, même heure, même tenue.
Quelque chose le perturbe pourtant.
Il n’aura pas le temps de faire ses courses aujourd’hui.
Et il n’y a plus de produit pour nettoyer les vitres, lui a dit sa femme de ménage.
Il n’aura pas le temps de faire ses courses aujourd’hui.
Et il n’y a plus de produit pour nettoyer les vitres, lui a dit sa femme de ménage.
Dimitri Gisin
Retrouvez le prochain épisode dans quelques jours sur cette même page…