
LNA salle 17/18 – Retour sur une saison indécise, au dénouement implacable
Alors que la Première équipe a repris le chemin du stade de Richemont pour la préparation de printemps, Benoît Wyss-Chodat revient sur la saison en salle écoulée.
« Je sais que la route est encore longue. Mais en quelques matchs, j’ai appris beaucoup de ce qui désormais m’attend« . (R. Federer, 1998)
Bout-du-Monde, 13:30, dimanche 21 janvier. Servette venait de réaliser une première mi-temps solide contre Luzerner SC, menant par deux fois au score sans parvenir à conserver son avance. Les joueurs avancent conquérants dans la deuxième partie du match. Les minutes défilent, le score ne change pas. Servette prend une carte verte et alors que celle-ci parvenait à son terme, Lucerne parvint à prendre l’avantage sur un joli but en angle fermé. C’est le début de la fin pour les Genevois qui allait connaître un gros passage à vide et encaisser trois buts d’affilé en moins de deux minutes. L’enjeu du match était énorme, Servette devait gagner pour conserver sa place en LNA. C’est malheureusement perdu et Servette jouera la saison indoor 2018-2019 en LNB. Bref retour sur une saison indécise, au dénouement implacable qui laisse néanmoins luire un futur engageant.
L’équipe en salle s’est depuis quelques années profondément renouvelée. J’ai comparé la feuille de match de l’effectif lors de la dernière participation au « final four« en salle (2014-15) et celle de cette année: Exit les (pré-)légendes Arnaud Becuwe, Laurent Neri et Pascal Zimmerman. Gaël Wyss-Chodat, parti en Belgique, est remplacé par ses deux frères Matthieu et Benoît. Chemin identique pour Juane Garreta et Pierre Coppin (entraîneur) alors que Louis Zesiger a remplacé Gregory Bernet (blessé mais bientôt de retour) dans les buts. Reste l’indestructible grenat Loïc Boldrini et l’ancien espoir Oscar Lüscher. La fratrie Gisin est également encore présente, distillant passes et conseils, alors que le numéro 13 le plus célèbre du club, Philippe Bernhard, a troqué son synthétique pour un polo d’entraîneur.
Ce changement d’effectif a contraint le club à revoir ses ambitions à la baisse. Alors que Servette était un habitué du top 4 pendant une dizaine de saison (2004 à 2015), sa Première équipe a évité de peu la relégation ces deux dernières saisons (5e place à chaque fois). Cette saison fut celle de trop. Des PCs inefficaces, des situations importantes mal négociée et une concurrence plus relevée ont eu raison des (timides) ambitions de cette jeune équipe.
Servette avait pourtant effectué un premier tour prometteur dans ce championnat. Une première défaite 3-5 contre Grasshopper Zürich, « une équipe prenable que nous n’avons pas réussi à gérer » (C. Privat), suivie par une victoire 4-1 contre HC Olten, « composé de joueurs en feu, ce qui leur coûtèrent deux cartons supplémentaires » (C. Privat), hissait l’équipe à la deuxième place au classement.
Le deuxième tour, à Zurich, fut plus difficile. Servette s’inclina contre les champions en titre, Rotweiss Wettingen, 5-1 après avoir pourtant mené au score, puis 3-1 contre LSC. « Les garçons sont des garçons. Aidés par deux vieillards. Reconnaissables à leur calvitie assumée. Leur nez atypique. A leur taille. Les garçons sont des garçons qui aimeraient ne plus avoir besoin des vieillards. Ils ont mille fois raison. Ils ont besoin d’hommes. Les vieillards doivent rajeunir ou partir. Et les garçons doivent devenir des hommes. Le chemin est encore long se dit la troupe. En suivant le chemin qui s’appelle plus tard, nous arrivons sur la place qui s’appelle jamais, dit Sénèque. » (D. Gisin)
« Tout commença le dimanche 3 décembre 2017 » (C. Bodinoli) – Certes non, le championnat ne commençait pas ce jour-ci. Mais l’équipe (6e) était consciente que cette journée revêtait un enjeu particulier. Deux matches étaient au programme, BHC (4e) et GCZ (5e). Les points sont indispensables. Le premier match est serré, l’équipe finissant par s’incliner sur la plus petite des marges (2-3). A peine le temps de refaire le match que déjà s’annonce le deuxième contre les sauterelles. Un match à rebondissements, le score allant dans un sens (1-0) puis dans l’autre (2-4) avant de « remontader » (5-4) et de conclure par Nils de Kayser dans le but vide (7-4). « Trois points qui font du bien! » (C. Bodinoli)
Le quatrième épisode débuta sous un épais manteau blanc… enfin presque pour tout le monde, l’auteur de l’article précédant fêtant encore les trois points obtenus contre GCZ préféra ignorer son réveil et voyager seul par le train suivant à Wettingen! L’équipe de son côté, confiante et réveillée notamment par une bataille de boule de neige – « certains ont pris cher… et d’autres très cher » (C. Panschiri) – est bien rentrée dans son premier match menant 2-0 à la pause. Las, relâché et suffisant, Servette le payera cher et s’incline 2-3. Coup de fouet. Le deuxième match contre RWW verra une toute autre équipe. Conquérants, les joueurs se battent comme des lions mais oublient de défendre et délaissent par trop de fois Louis Zesiger qui limite les dégâts comme il peut (3-7).
Nous voici de retour à ce fameux dimanche 21 janvier, 13.30, au Bout-du-Monde, à ce match contre Lucerne, à ces deux minutes fatales emportant avec elles tout espoir de maintien en LNA. La relégation qui nous pendait au nez depuis maintenant deux ans prit forme. Les jeunes Servettiens devront, comme d’autres avant eux, aller faire leur armes en LNB pour revenir plus grands, plus forts, et construire un futur que j’aspire victorieux.
Benoît Wyss-Chodat