15.06.08 : Les amateurs de beau jeu n’ont pas été déçus
Ce dernier déplacement à Wetingen n’avait pour seul enjeu que la lutte pour la troisième place à distance contre Black-Boys et le chaleureux challenge d’aller deux fois visiter le nouveau terrain argoviens en l’espace d’une semaine.
Aujourd’hui, nous jouerons contre Rotweiss Wettingen, leader du championnat régulier et friands de joueries éclectiques.
Notre capitaine, Patrick Montalbetti, sélectionnable en équipe nationale grâce à sa double… nationalité, nous met directement en garde : « Aujourd’hui, on veut faire rêver le public les gars? ». Motivés par de tels propos, nous entrons sur le terrain vaillants et conquérants. Le coach David Smith propose aux spectateurs un alléchant 4-3-3 résolument porté sur l’offensive, comme pour corroborer le leitmotiv de notre capitaine.
Après un premier round d’observation (je pique mes répliques à J-F. Devallay ©), le match s’anime lorsque Rotweiss obtient un corner court indiscutablement… discuté. Julien Leblond, gardien de but et partenaire vigoureux, effectue un premier arrêt et Patrick Montalbetti se jette sur le rebond, tout comme un adversaire et la balle rentre dans le but. La bonne conscience avec nous, nous allons réclamer l’annulation de ce but tant nous ne le méritions pas après près de quatre heures de train. Enfin bon, personnellement, je n’ai pas vraiment compris pourquoi mais le but fut, à juste titre selon le bonhomme et intègre Julien Leblond, annulé. David Imhof, pourtant loin de l’action, mais possédant une bonne vision tactique du hockey sur gazon, ajouta que c’eut été un scandale en soi d’imaginer que ce goal puisse être validé.
En fin de première mi-temps, le public rêvassait (objectif quasi-atteint !) et un adversaire entama un rush à la suite d’une perte de balle de Pascal Zimmermann. Atteint d’un excès de fougue, ce dernier tacla par derrière une première fois… raté ! Le deuxième tacle de la canne fut le bon et notre brave libéro s’en alla sur le banc pour quinze minutes d’expulsion que même Julien Leblond ne discuta pas.
Ces mauvais joueurs de Rotweiss n’attendirent même pas le retour du valeureux pour ouvrir la marque sur un coup franc en tête de cercle, provoqué par une tentative d’assassinat de Philippe Bernhard (shoot entre les deux yeux, « le premier de la saison » nous dit-il fièrement, le bougre).
A la mi-temps, Gordon Ramsay, l’impertinent et acculturé écossais, appris l’existence des urinoirs (« il est interdit de se soulager sur le terrain de Wettingen », aucun panneau pourtant ne le mentionnait).
David Smith nous dit que nous jouions comme jamais et que c’était exceptionnel. Il est vrai que nous réussissions l’exploit de n’adresser aucun shoot au gardien adverse en une mi-temps, ce que les amateurs de beau jeu qualifieraient eux aussi… d’exceptionnel.
La seconde mi-temps fut tout autre puisque nous changions de côté.
Au delà de ça, nous retrouvions une belle jouerie, ainsi que notre libéro et commencions à faire douter les Rotweiss Wettingeniens. Une cascade d’occasion, toutes provoquées par un beau jeu collectif (gros shoots et lobes) virent le gardien adverse perdre son flegme et assommer Grégoire Conne, bien en verve jusqu’alors. Ce dernier tenta d’expliquer à l’arbitre la situation comme suit : « Hey.. Aber.. Es ist incredible… Habst du gesehen… Unmöglish… Haïaïaïaï… Also… Aber… Hey ach ! ». Devant tant de culture teutonne, l’arbitre resta flegmatique et conseilla au gardien adverse de se calmer et qu’on ne devait pas assommer les adversaires de manière aussi visible.
Notre beau jeu fut bien aidé par notre arrière milieu gauche, Laurent Neri, qui s’inspira de son modèle, Ludovic Magnin, pour déclarer à la presse notre secret : « Lorsqu’il s’est mis à pleuvoir, nous avons compris qu’on ne devait plus essayer de jouer au hockey, et c’est là où nous les avons fait douter ».
Les combats manquant de rigueurs, Patrick Montalbetti bouscula un petit joueur et se fit expulser pour dix minutes. Il tenu ces propos à l’arbitre six fois avec différentes intonations : « Umps, you’ve lost control of the game ». L’arbitre décontenancé alla dire au gardien adverse de vraiment arrêter d’assommer les adversaires de manière aussi visible.
En fin de match, Bertrand Peny, qualifié injustement d’intellectuel de l’équipe, voulu prouver au monde qu’il ne saurait souffrir plus longtemps d’un tel patronyme et arrêta un lob avec la canne au dessus de la tête (qu’il a haute) pour offrir un corner court à Rotweiss. Après toutes ces occasions manquées, il aurait été injuste d’en rester à 1-0. C’est pourquoi, nous nous faisions solidaires du public et encaissions un deuxième but.
Pour rajouter une touche dramatique à l’épisode, Philippe Seminck tomba, touché, se tordant de douleur et se tenant sa cheville. Les spectateurs, debout tout le match tant parce qu’il n’y avait pas de siège que tenu par une grande émotion, se prenaient la tête dans les mains. On entendait un râle sortir du gosier larmoyant du jeune Philippe Seminck.
Soudain, pareille à Pamela Anderson, une créature apparue en courant au ralenti, ses longs cheveux blonds au vent et le corps vaillant.
Virginie Pfister était là, un mythe était né. A l’aide d’une bombe de froid, elle sauva la vie du jeune homme et fit rêver notre capitaine qui verrait d’un mauvais oeil que quelqu’un d’autre jouisse de la situation.
Le score final de 0-2 nous laissa des regrets et conclu une saison moyenne au quatrième rang qui fit surtout rêver Mark Northcott, qui termine son aventure genevoise au rang de meilleur buteur du club (8) et d’occasions manquées (22’753).
Dimitri Gisin, amateur de beau jeu.
N.B. Toutes nos excuses à Mme Pierard pour le réveil matinal un dimanche… matin, son fils, qui avait un problème de réveil comme beaucoup de jeunes hockeyeurs, nous aurait beaucoup manqué.